Test Digimon Story Cyber Sleuth

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PS4

Dans l'ombre du bulldozer Pokémon, la licence Digimon tente un énième retour sur consoles de salon avec Digimon Story : Cyber Sleuth. La dernière fois, c'était en 2014 avec Digimon All-Star Rumble sur PlayStation 3, un jeu de combat développé par Prope. Aujourd'hui, c'est un retour au J-RPG qui s'amorce, sous la houlette du studio nippon Media.Vision. Une équipe assez réputée sur ce créneau, notamment à l'origine de la série Wild Arms...

Ne cherchez pas de continuité ni même de concordance avec la timeline de la série animée : l'histoire et les principaux protagonistes humains de ce Digimon Story : Cyber Sleuth sont tout simplement inédits. D'emblée, le jeu propose d'incarner un jeune hacker japonais (masculin ou féminin, au choix), capable d'interagir avec les Digimons dans le Cyberspace Eden, vaste monde virtuel où vivent ces étranges créatures. Mais depuis peu, des entités appelées Eaters y sèment le trouble, fragilisant par la même occasion la frontière avec le monde réel. En témoin privilégié qu'il est – bien malgré lui – le joueur va être amené à enquêter sur ces curieux phénomènes pour le compte d'une agence privée, la Kuremi Detective Agency...

Si l'on peut flâner dans bon nombre de quartiers emblématiques de Tokyo, où l'action du jeu se déroule, le bureau de la charmante Kyoko Kuremi (votre patronne, indeed) est le lieu central de l'aventure. C'est ici que sont proposées une blinde de missions, principales ou secondaires (et aux objectifs pas toujours très clairs), dont la résolution a vocation à faire avancer l'enquête sur les Eaters et leurs agissements. Une fois ces requêtes acceptées, rendez-vous dans le digi-monde Eden, parmi la population Digimon, pour tenter de résoudre l'affaire.

J-RPG oblige, la progression est rythmée par de nombreux combats, opposant nos amis Digimons à leurs congénères (ou aux Eaters, en guise de boss). Si le jeu vous propose, assez tôt, de choisir votre tout premier compagnon parmi un trio de petits monstres (ça ne vous rappelle rien?), il sera très vite nécessaire d'en « capturer » d'autres, pour disposer d'une force de frappe plus conséquente.

Attrapez-les tous !

Chaque combat engagé s'ouvre sur le scan des Digimons ennemis en présence. Plus on affronte une espèce, plus on apprend à la connaître : son type, ses forces et ses faiblesses. Complété à 100 %, ce scan permet ensuite de créer ledit Digimon, en vue de le faire combattre à ses côtés. A 200 %, le taux maximum, on peut donner vie à une créature avec des caractéristiques naturellement plus élevées. Ce processus de création se déroule dans le Digi-lab, où il est également possible de faire évoluer ses petits protégés. Une fois un certain niveau atteint et l'acquisition de loot bien précis, chaque Digimon peut se transformer en une créature plus puissante, selon plusieurs embranchements. Si la digivolution ne donne pas satisfaction à terme, le joueur a aussi la possibilité de revenir en arrière, en redonnant à son compagnon sa forme d'origine. Et ainsi, l'orienter vers une autre digivolution, potentiellement plus intéressante. Autant dire qu'avec près de 250 Digimons au compteur, il va falloir du temps pour toutes les connaître.

Après qu'un Digimon soit né, on peut décider de l'inclure dans son roster ou, si l'équipe est déjà bien garnie, de la laisser s'aguerrir dans la Digi-Farm. Dans cet espace, les créatures s'entraînent en fonction du programme qu'on leur a affecté, leur permettant de développer progressivement de nouvelles techniques. Et ainsi, de compenser leur déficit d'expérience, en attendant votre prochain retour de mission.

A la fois riche et accessible, ce système d'élevage de monstres fonctionne très bien in-game. La grande part d'expérimentation, dans les digivolutions notamment, y est pour beaucoup et apporte une vraie motivation dans la progression du joueur, qui se façonne un roster qui lui est propre. Surtout, ces phases de jeu constituent une « respiration » bienvenue dans une aventure finalement assez linéaire, parfois bavarde et qui pourrait paraître tout autrement monotone. Car si le système de combat fait le job, il est très loin de réinventer la roue, qu'il s'agisse de son tour par tour vu, revu et re-revu ou encore des classiques affinités « élémentaires » (on parlera ici plutôt de « types ») entre les monstres. Sans parler des interminables couloirs que l'on doit parcourir, de mission en mission...

Pourtant, difficile de reprocher à Digimon Story : Cyber Sleuth sa structure très stéréotypée – plus adaptée au format nomade qu'aux longues sessions de jeu sur console de salon – alors que le jeu a été pensé et développé dans un premier temps pour la PS Vita...

Une aventure plaisante

Sans surprise, l'héritage de la portable de Sony se retrouve aussi dans la partie visuelle de ce portage sur PlayStation 4, à travers la rigidité des animations et la relative pauvreté des textures. Il faut pourtant saluer le travail accompli afin d'atténuer l'aliasing (assez prononcé dans la version originale, sur PS Vita) et pour raccourcir drastiquement les temps de chargement. Mais soyons honnêtes, le jeu est tout à fait agréable à l’œil sur PS4, grâce notamment à une direction artistique particulièrement inspirée. Loin du design enfantin et plutôt simpliste de la série animée (du moins, de la première saison, la plus connue chez nous), l'univers de Digimon Story : Cyber Sleuth présente un look manga très contemporain, incisif de par ses traits épurés et ses couleurs pétantes. Le brillant résultat d'une collaboration entre plusieurs grands noms de l'animation japonaise (Oh!Great et Suzuhito Yasuda notamment).


Dès les premières minutes, le jeu affiche ainsi une vraie personnalité, soutenue par une bande-son de très bonne facture là aussi. Les musiques d'ambiance, aux sonorités très jazzy, sont véritablement entraînantes pour la plupart et rendent de facto la progression un peu plus plaisante. Les fans de la série Danganronpa ne seront pas surpris puisque c'est l'excellent Masafumi Takada qui signe la bande-originale du soft.

Par ailleurs l'histoire, elle, s'avère assez prenante, avec une dimension « enquête » plutôt bien tenue, à défaut d'être très originale. Bien qu'éloignée de toute la production animée éponyme, l'intrigue de Digimon Story : Cyber Sleuth se veut très respectueuse de la licence, offrant là encore une place de choix aux Digimons (qui, contrairement aux Pokémons, assurent de vrais dialogues). Elle introduit aussi des personnages secondaires assez intéressants, chacun ayant son propre arc narratif. Sans compter quelques scénarii sympathiques, à l'occasion de missions secondaires. Dommage toutefois que la structure du jeu ait tendance à hacher copieusement la narration, ce qui implique malheureusement des baisses de rythme notables. Enfin, malgré la présence des doublages japonais originaux, les joueurs non-anglophones ne pourront que regretter, encore une fois, l'absence de traduction française pour le jeu...

Notre verdict

On aime

  • Un portage assez soigné
  • Direction artistique léchée
  • Une histoire plutôt prenante
  • Le système de jeu, très complet
  • Contenu généreux

On n'aime pas

  • L'héritage PS Vita
  • Structure très stéréotypée
  • Trop facile
  • Anglophobes s'abstenir...

Si l'on devait se fier aux dernières incursions des Digimons sur console de salon, on pourrait dire de ce Digimon Story : Cyber Sleuth qu'il s'agit d'une bonne surprise. Renouant avec le RPG, toujours axé sur l'élevage de monstres, la licence revient avec une certaine inspiration, notamment sur le plan artistique. Si cela suffit à faire fermer les yeux sur son statut de « portage », son classicisme des plus évidents nous rappelle trop souvent à son support d'origine (PS Vita). Mais que l'on ne s'y trompe pas, le titre de Media. Vision n'en reste pas moins agréable à parcourir, tirant son épingle du jeu par l'exhaustivité de son gameplay et la générosité de son contenu. Les fans seront assurément comblés.

Note finale : 7 / 10
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